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chons et nous arrivâmes à remettre la chose en place. Au même moment il éclata de rire. Je l’interrogeai :

— Qu’y a-t-il de drôle ?

— Dieu que je suis bête !

C’était sa première phrase sensée. Je lui demandai la raison de cette découverte. Lui, froidement :

— Nous avons oublié les billes.

Je cherchai mon chapeau ; il se trouvait sens dessus dessous parmi le gravier et le chien favori d’Ethelbertha était en train d’avaler les billes aussi vite qu’il le pouvait.

— Il va se tuer ! s’écria Ebbsen. (Je ne l’ai jamais revu depuis ce jour, Dieu merci ! mais je crois me souvenir qu’il s’appelait Ebbsen.) Elles sont en acier plein !

— Le chien, répondis-je, ne m’inquiète pas. Il a déjà mangé un lacet de bottines et un paquet d’aiguilles cette semaine. La nature lui viendra en aide. Les jeunes chiens semblent avoir besoin de ce genre de stimulant. Non, ce qui me tracasse, c’est ma bicyclette.

Il était bien disposé et dit :

— Enfin, remettons en place ce que nous retrouverons et à la grâce de Dieu !

Nous retrouvâmes onze billes. Nous en plaçâmes six d’un côté et cinq de l’autre, et une demi-heure plus tard la roue était de nouveau en place. Inutile d’ajouter qu’elle jouait maintenant pour tout de bon : un enfant s’en serait aperçu.