Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciencieux : il a pu vous protéger jusque-là ; suivez mon conseil, ne le surmenez pas. Il n’a pas dû chômer beaucoup depuis que vous faites de la bicyclette. Ne le rendez pas fou !

— Si tout le monde pensait comme vous, on ne réaliserait plus aucun progrès dans aucune branche de la science. Si jamais personne ne mettait à l’essai les inventions nouvelles, le monde finirait dans la stagnation. C’est justement par…

— Je connais tous les arguments pour, interrompis-je. Soit, je ne vous désapprouve pas entièrement : expérimentez des inventions jusqu’à l’âge de trente-cinq ans ; mais après trente-cinq ans, l’homme doit penser à lui-même. Vous et moi, nous avons fait notre devoir de ce côté-là : vous spécialement. Vous avez été projeté en l’air par une lanterne à gaz brevetée.

— Je crois vraiment, objecta-t-il, que c’est arrivé par ma faute : j’aurai trop serré la vis.

— Je veux admettre que, s’il existe un moyen de maltraiter un objet, c’est bien votre manière de vous en servir : vous n’avez pas la main heureuse, vous embrouillez les choses. Vous devriez tenir compte de votre fâcheuse habitude, elle donne du poids à mon argument. Moi, je n’avais pas prêté attention à vos gestes : je me rappelle seulement que nous étions en train de pédaler tranquillement et agréablement sur la route de Whitby, tout en discutant de la guerre de Trente ans, quand votre lanterne explosa avec le bruit d’un pistolet. Le