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avaient aperçu sa femme. Ceux-ci voulurent se faire préciser son aspect. Il ne parlait pas assez bien le hollandais pour en faire une description révélatrice : tout ce qu’il put leur dire fut que sa femme était une très belle femme, de taille moyenne, ce qui ne sembla pas les satisfaire : n’importe qui en aurait pu dire autant et de cette façon entrer en possession d’une femme qui ne serait pas la sienne. Ils lui demandèrent comment elle était habillée : quand il se fût agi pour lui de vie ou de mort, il n’aurait pu se le rappeler.

Je ne crois pas qu’il existe un homme sur terre capable de décrire une toilette dix minutes après avoir quitté la femme qui la porte. Il se souvenait d’une jupe bleue, puis il y avait un je ne sais quoi qui prolongeait la robe jusqu’au cou : ce pouvait être une blouse et il avait vague souvenance d’une ceinture : mais quel genre de blouse ? Était-elle jaune, verte ou bleue ? Avait-elle un col ? Était-elle fermée par un nœud ? Sa femme avait-elle des fleurs ou des plumes à son chapeau ? Avait-elle seulement un chapeau ? Il n’osait pas faire de description trop nette de peur de se méprendre et d’être aiguillé sur une fausse piste à des kilomètres de là. Les deux jeunes femmes ricanaient, ce qui, étant données ses dispositions d’esprit, eut le don de mettre Harris en colère. Le jeune homme, qui paraissait désireux de se débarrasser de lui, lui suggéra de s’adresser à la police de la ville voisine. Harris s’y rendit. Le commissaire lui donna un papier et lui