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gnent les blessés, que des laquais en livrée y servent à boire et à manger et que toute l’affaire y est menée avec un certain cérémonial qui ne manque pas de caractère. Dans les Universités plus essentiellement allemandes où les étrangers sont rares et où on ne les attire pas, on s’en tient aux combats purs et simples et ceux-ci n’ont rien de plaisant.

Ils sont même si répugnants que je conseille au lecteur quelque peu délicat de s’abstenir d’en lire la description. On ne peut pas rendre ce sujet attrayant et je ne me propose pas de l’essayer.

La pièce est une et sordide, les murs sont souillés d’un mélange de taches de bière, de sang et de suif ; le plafond est enfumé ; le plancher couvert de sciure de bois. Une foule d’étudiants riant, fumant, causant, quelques-uns assis par terre, d’autres perchés sur des chaises où des bancs, forment le cadre.

Au centre, se faisant face, les combattants sont debout. Bizarres et rigides, avec de grosses lunettes protectrices, le cou bien enveloppé dans d’épais cache-nez, le corps caparaçonné d’une sorte de matelas sale et les bras, ouatés, tendus au-dessus de leur tête, ils ont l’air d’un burlesque sujet de pendule. Les seconds, plus ou moins rembourrés eux aussi, la tête et le visage protégés par de vastes casques en cuir, donnent aux combattants, non sans brusquerie, la position convenable. On prête l’oreille au héraut d’armes. L’arbitre prend place, le signal est donné, et aussitôt les lourds sabres