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au printemps. Toutes les nuits, je me réveillais à sept heures et il m’était impossible de refermer l’œil.

— Je n’avais fait que la proposer sans y attacher grande importance, dit Harris, car cela ne me vaut rien non plus : mon séjour s’y achève invariablement sur une attaque de goutte.

— Ce qui me réussit le mieux, dis-je, c’est l’air de la montagne. Que penseriez-vous d’un voyage pédestre à travers l’Écosse ?

— Il fait toujours humide en Écosse, s’écria George. J’y ai passé trois semaines l’année avant-dernière sans y avoir jamais eu le corps ni le gosier secs, si j’ose dire.

— Pourquoi pas la Suisse ? émit Harris.

J’objectai :

— Jamais elles ne nous laisseront aller seuls en Suisse : vous savez ce qu’il en advint la dernière fois. Il nous faut un endroit où ni femme ni enfant habitués à un certain confort ne voudraient résider, un pays de mauvais hôtels, de communications difficiles, où nous vivrions à la dure, où nous devrions trimer, jeûner peut-être.

— Doucement ! interrompit George, doucement ! Vous oubliez que je pars avec vous.

— J’y suis, exclama Harris : une balade à bicyclette !

George eut l’air d’hésiter.

— Il y a pas mal de montées, songez-y, et on a le vent debout.