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— Ah ! tu crois ça, vraiment ?

— Oui, vraiment, petit-fils de caniche français, mangeur de choux !

— Là ! je savais que vous alliez la renverser, dit la pauvre laitière. Je lui avais dit qu’il allait la renverser.

Mais il est occupé et ne l’écoute pas. Cinq minutes plus tard, quand la circulation a repris, quand la porteuse de pain a ramassé ses miches boueuses et que le sergent de ville s’est retiré après avoir noté le nom et l’adresse de toutes les personnes présentes, il consent à jeter un regard derrière lui.

— Évidemment on en a renversé un peu, admet-il. Puis, se secouant pour chasser cet ennui, il ajoute gaiement : Mais je pense lui avoir appris le prix de la craie, à celui-là. Je crois qu’il ne reviendra plus nous ennuyer.

— Je l’espère, bien sûr, dit la vieille femme, en regardant avec regret la voie lactée.

Mais son sport préféré consiste à attendre au sommet d’une colline la venue d’un autre chien et alors de la redescendre au grand trot. En ces occasions-là son maître est surtout occupé à courir derrière lui, pour ramasser au fur et à mesure les objets semés, des pains, des choux, des chemises. Arrivé au bas de la colline, lui s’arrête et attend amicalement son maître.

— Excellente course, n’est-ce pas ? remarque-t-il, essoufflé, quand l’homme arrive, chargé jusqu’au