Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tropher le soleil ou pour déclamer des vers à la campagne environnante.

Parfois l’affiche représente un couple de cyclistes ; et alors on saisit sur le vif toutes les supériorités qu’a, au point de vue du flirt, la bicyclette moderne sur le salon, ou sur la grille du jardin du bon vieux temps. Lui et elle grimpent sur leurs bicyclettes, après s’être naturellement assurés qu’elles sont de bonne marque. Après quoi, ils n’ont plus rien à faire qu’à se répéter l’éternelle chanson d’amour toujours si douce. Gaiement les roues de la « Bermondsey Company’s Bottom Bracket Britain’s Best » ou de la « Camberwell Company’s Jointless Eureka » roulent le long d’étroits sentiers, à travers les villes qui sont des ruches en travail. On n’a besoin ni de pédaler ni de les conduire. Donnez-leur une direction et dites-leur à quelle heure vous voulez être rentrés : c’est tout ce qu’il leur faut pour agir. Pendant qu’Edwin se penche sur sa selle pour murmurer à l’oreille d’Angélina les mille petits riens si doux, pendant que le visage d’Angélina se tourne vers l’horizon décoratif pour cacher sa chaste rougeur, les bicyclettes magiques poursuivent leur course régulière.

Et le soleil brille toujours et toujours les routes sont sèches. Ils ne sont ni suivis par des parents sévères, ni accompagnés d’une tante encombrante, ni épiés au coin des rues par un démon de petit frère ; jamais ils ne rencontrent d’obstacle à leur bonheur. Ah, mon Dieu ! pourquoi n’avons-nous