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car Mr Pertwee était certain que je ne pourrais mieux faire que de garder Mr Goyles, actuellement en fonction, homme qui connaissait la mer comme un mari connaît sa femme et n’avait jamais eu à déplorer la perte d’un passager.

Ceci se passait dans la matinée et le yacht se trouva être mouillé près de Harwich. Je pus prendre l’express de 10 h. 45 à Liverpool Street et à une heure je causais avec Mr Goyles à bord de l’Espiègle. C’était un gros homme aux manières paternes. Je lui fis part de mon plan : contourner les îles hollandaises et naviguer lentement vers la Norvège. Il fit : « Bien, bien, » et parut enthousiasmé de cette excursion, disant que cela l’amuserait aussi. Nous abordâmes la question de l’approvisionnement ; il s’enthousiasma encore davantage. J’avoue que la quantité de victuailles proposée par Mr Goyles me surprit. Si nous avions vécu au temps de Drake et de la piraterie espagnole, j’aurais pu craindre qu’il ne machinât un coup. Cependant il riait avec sa bonhomie paternelle, assurant que nous n’exagérions pas. Les restes, s’il devait y en avoir, l’équipage se les partagerait et les emporterait, selon la coutume. Il me sembla que j’approvisionnais ces hommes pour tout l’hiver, mais, ne voulant pas paraître avare, je ne dis plus rien. La quantité de boisson réclamée m’étonna également.

— Nous n’allons pas, dis-je, faire les apprêts d’une orgie, Mr Goyles ?