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maticale a pu se glisser dans notre allemand, lui révélant le fait que, malgré toutes les apparences contraires, nous n’étions pas des Allemands pur sang. Je ne veux pas l’affirmer : je l’avance comme une possibilité.

Pour éviter cependant tout danger inutile, nous visitâmes la ville avec un guide. Je n’ai jamais rencontré de guide accompli. Celui-là avait deux défauts bien marqués. Son anglais était des plus imparfaits. En réalité ce n’était pas du tout de l’anglais. J’ignore comment on aurait pu appeler son baragouin. Ce n’était pas entièrement sa faute : il avait appris l’anglais avec une dame écossaise. Je comprends assez bien l’écossais, ce qui est nécessaire si l’on tient à être au courant de la littérature anglaise moderne, — mais de là à saisir un patois écossais prononcé avec un accent slave et assaisonné de-ci de-là d’inflexions allemandes… ! On avait du mal pendant la première heure passée en sa compagnie à se débarrasser de l’impression que cet homme étouffait. Nous nous attendions à chaque instant à le voir expirer entre nos mains. Nous nous habituâmes à lui au cours de la matinée et nous pûmes arriver à réprimer notre premier mouvement, qui était de l’étendre sur le dos et de lui arracher ses vêtements chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Nous arrivâmes plus tard à comprendre une partie de ce qu’il disait et ceci nous permit de découvrir son deuxième défaut.

Il avait inventé depuis peu, à ce qu’il paraît, une