Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les pierres tombales s’y culbutent comme renversées par quelque lutte macabre de leurs hôtes souterrains.

Il y a longtemps que les murs du ghetto ont été nivelés, mais les juifs de Prague tiennent toujours à leurs ruelles fétides, qu’on est d’ailleurs en train de remplacer par de belles rues neuves qui promettent de faire de ce quartier la plus belle partie de la ville.

On nous avait conseillé à Dresde de ne pas parler allemand à Prague. La Bohême est en proie depuis des années à une haine de race entre la minorité germanique et la majorité tchèque ; être pris pour un Allemand dans certaines rues de Prague peut causer des désagréments à celui qui n’a plus l’entraînement voulu pour soutenir une course de fond. Nous parlâmes cependant allemand dans certaines rues de Prague, — il fallait le parler ou rester muet. Le dialecte tchèque est très ancien, dit-on, et celui qui se parle fait montre d’une culture scientifique très haute. Son alphabet se compose de quarante-deux lettres, qui évoquent chez l’étranger l’image des caractères chinois. Ce n’est pas une langue qu’on puisse apprendre rapidement. Nous décidâmes qu’en nous en tenant à l’allemand notre santé courrait moins de risque : en effet il ne nous arriva rien de fâcheux. Je ne puis l’expliquer que de la manière suivante : l’habitant de Prague est fort astucieux ; une légère trace d’accent, quelque insignifiante incorrection gram-