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personnel de la maison. Cette dernière était une petite personne aux grands yeux brillants et pleins de malice. En toute autre occasion j’aurais eu du plaisir à la voir, mais son arrivée m’irrita. Je ne voyais pas l’utilité de trois vendeuses pour conclure cette affaire.

Les deux premières expliquèrent le cas à la troisième et avant qu’elles fussent à la moitié de leur récit, la troisième commença à s’esclaffer. Elle me paraissait d’un caractère à rire de tout. Ensuite elles se prirent à bavarder comme des pies, toutes les trois à la fois ; et tous les dix mots elles me regardaient ; et plus elles me regardaient, plus la troisième riait ; et avant qu’elles eussent fini, elles se tordaient toutes les trois, les petites idiotes ; on aurait pu me prendre pour un clown, en train de donner une représentation.

Quand elles furent suffisamment calmées pour se mouvoir, la troisième vendeuse s’approcha de mot en riant toujours. Elle me dit :

— Si vous l’obtenez, vous en irez-vous ?

De prime abord, je ne compris pas très bien : elle fut obligée de répéter :

— Ce coussin, quand vous l’aurez, vous-en-irez-vous-tout-de-suite ?

Moi, je ne demandais que cela, et je le lui dis. Mais j’ajoutai que je ne m’en irais pas sans. J’étais résolu à obtenir un coussin, dussé-je passer toute la nuit dans la boutique.

Elle rejoignit les deux autres vendeuses, je crus