Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

événements m’avait fait commettre cette folie : Ethelbertha avait le désir de respirer l’air pur de la mer ; j’avais eu un coup de chance, et le lendemain matin même, au club, mes yeux étaient tombés sur un numéro du Sportsman, où je lus l’annonce suivante :

Aux amateurs de yachting
Occasion unique :

L’« ESPIÈGLE », YOLE, 28 TONNES. LE PROPRIÉTAIRE, SUBITEMENT RAPPELÉ POUR AFFAIRES, LOUERAIT CE LÉVRIER DE L’OCÉAN, YACHT SUPERBEMENT AGENCÉ, POUR PÉRIODE COURTE OU LONGUE. DEUX CABINES, SALON, PIANO WOFFENKOFF, CHAUDIÈRE EN CUIVRE NEUF, 10 GUINÉES PAR SEMAINE. S’ADRESSER À PERTWEE ET Cie, 3a, BUCKLERSBURY.

Cela m’avait fait l’effet d’une révélation du ciel.

La chaudière en « cuivre neuf » m’importait peu : je pensais qu’on pourrait attendre pour faire notre petite lessive. Mais le « piano Woffenkoff » m’inspirait. Je voyais déjà Ethelbertha jouant, le soir, quelques chansons, dont l’équipage, avec un peu d’entraînement, reprendrait le refrain, tandis que notre demeure mobile bondirait, tel un lévrier agile, à travers les ondes argentées.

Je hélai un cab et me fis conduire directement à Bucklersbury. Mr Pertwee, un quidam d’aspect modeste, avait un bureau sans prétention au troi-