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lui fabriquaient des marches en ciment pour qu’elle voyageât avec décence et sobriété.

Car en Allemagne on ne badine pas avec la nature indisciplinée, on ne lui permet pas de faire ses quatre volontés. En Allemagne la nature est arrivée à bien se conduire et à ne pas donner le mauvais exemple aux enfants. Un poète allemand, apercevant une chute d’eau, ne s’arrêterait pas, comme le fit Southey devant celles de Lodore, pour la décrire en des vers pleins d’allitérations, — il s’empresserait d’avertir la police, et dès lors les minutes de la belle chute seraient comptées.

— Voyons, voyons, pourquoi tout ce bruit ? dirait aux eaux la voix sévère de l’autorité ; vous savez que nous ne pouvons pas tolérer cet état de choses, descendez doucement. Où croyez-vous donc être ?

Et le conseil municipal pourvoirait ces eaux de tuyaux de zinc, de caniveaux de bois et d’un escalier en colimaçon et leur montrerait comment descendre raisonnablement, d’après l’idéal allemand.

C’est un pays bien ordonné que l’Allemagne.


Nous arrivâmes à Dresde le mercredi soir avec l’intention d’y rester jusqu’au lundi.

À certains points de vue Dresde est peut-être la ville la plus agréable de l’Allemagne. Elle mérite mieux qu’une visité hâtive. Ses musées, ses galeries, ses palais, ses jardins, ses environs riches de souvenirs historiques recèlent du plaisir pour