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être bordé d’un caniveau en briques pour l’écoulement régulier des eaux et, tous les quinze mètres environ, posséder un banc sur lequel le promeneur pourra se reposer et s’éponger le front : car l’Allemand ne songe pas plus à s’asseoir sur l’herbe qu’un évêque anglican ne songerait à dévaler en dégringolade une pente abrupte. Il aimera contempler du sommet d’un mont la nature, mais il veut, sur ce sommet, une table panoramique qui lui expliquera ce qu’il voit et une autre table avec un banc où s’asseoir pour un frugal repas, « belegte Semmel » et bière, dont il a eu la précaution de se munir au départ. Si en outre il est assez heureux pour apercevoir, accroché à un arbre, un arrêté de police lui interdisant de faire ceci ou cela, il éprouvera une sensation particulière de confort et de sécurité.

L’Allemand n’est pas ennemi d’un paysage sauvage, pourvu que ce paysage ne soit pas sauvage par trop. S’il le considère comme tel, il s’efforcera de le dompter. Je me rappelle, proche de Dresde, une vallée étroite et pittoresque, conduisant vers l’Elbe. Les lacets de la route y suivent un torrent qui, entre des rives ombreuses écume et bondit parmi les galets et les rocs pendant environ un kilomètre. Je le suivais enchanté, lorsque, à un tournant, je me trouvai face à face avec une équipe d’ouvriers occupés à mettre de l’ordre dans cette vallée et à donner au cours d’eau un aspect respectable. Ils enlevaient soigneusement toutes