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fallait, un yacht que nous pourrions manœuvrer nous-mêmes, sans l’aide d’une bande odieuse de fainéants, de ces gens qui ne savent que flâner à votre bord, ajouter aux dépenses et qui enlèvent au voyage son charme et sa poésie. Il se targuait de le faire marcher, son yacht, avec le seul concours d’un mousse débrouillard. Nous connaissions ce genre de yacht et nous le lui dîmes ; nous avions déjà passé par là, Harris et moi. À l’exclusion de tout autre parfum ce bateau sent la vase et les herbes pourries, arômes contre lesquels l’air pur de la mer ne saurait lutter. Il n’y a pas d’abri contre la pluie ; le salon a dix pieds sur quatre ; la moitié en est occupée par un poêle qui s’effondre quand on veut l’allumer. Vous êtes forcé de prendre votre tub sur le pont et le vent emporte votre peignoir au moment même où vous sortez de l’eau.

Harris et le mousse feraient tout le travail intéressant ; hisser la voile, gouverner, nager debout au vent, prendre des ris. À eux tous les agréments, tandis que George et moi nous éplucherions les pommes de terre et ferions le ménage.

— Soit, concéda-t-il, prenons un beau yacht avec un capitaine et faisons les choses grandement.

Je m’y opposai encore. Je les connais, ces capitaines et leur manière de naviguer.

Jadis, il y a des années, jeune et sans expérience, je louai un yacht. La coïncidence de trois