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heures hebdomadaires affectées à cette farce surannée sont attendues par les élèves comme un intermède amusant dans une existence monotone. Et quand, par la suite, les parents pleins d’orgueil emmènent leur fils et héritier à Dieppe pour découvrir que le jeune homme n’en sait pas assez pour héler un fiacre, ils ne blâment pas la méthode, mais sa victime innocente. Je borne ma critique au français, car c’est la seule langue que nous essayions d’enseigner à notre jeunesse. Un jeune Anglais qui saurait parler l’allemand serait considéré comme peu patriote. Je n’ai jamais pu comprendre pourquoi nous perdions notre temps à enseigner le français même d’après cette méthode. Il est respectable d’ignorer totalement une langue. Mais à part les journalistes humoristes et les dames romancières pour qui la nécessité en est évidente, cette connaissance superficielle du français, de laquelle nous sommes si fiers, ne sert qu’à nous rendre ridicules.

La méthode dans les écoles allemandes est tout autre. On consacre une heure par jour à la même langue avec l’intention de ne pas laisser aux élèves le temps d’oublier entre deux leçons ce qu’ils viennent d’apprendre. On ne leur procure pas des étrangers comiques pour les divertir. La langue choisie est enseignée par un professeur allemand, qui la connaît à fond, aussi complètement qu’il connaît la sienne. Ce système ne permettra peut-être pas au jouvenceau germanique de s’approprier