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capitale autrichienne et de rédiger des rapports. Elle désira l’accompagner, — c’était une femme à ça. Il fit l’impossible pour l’en dissuader, alléguant que la place d’une jolie femme n’était pas dans une mine. Elle était bien de cet avis. Aussi n’avait-elle nullement l’intention de l’accompagner dans les puits. Simplement elle le mettrait en voiture chaque matin, puis se distrairait jusqu’à son retour en admirant les boutiques et en y achetant d’aventure ce qui la tenterait. Ayant lancé l’idée, il ne voyait plus maintenant le moyen de se tirer de là. Pendant dix longues journées d’été, il fut condamné à inspecter les mines des environs de Vienne et, le soir, à rédiger des rapports. Il les expédiait à son patron, qui ne savait qu’en faire. Je rappelai ce précédent et en fis l’application à notre cas :

— Je serais navré de croire qu’Ethelbertha et Mme Harris appartiennent à cette catégorie d’épouses. Cependant, ne recourons pas, pour cette fois, au prétexte « affaires » ; réservons cette échappatoire pour le cas d’absolue nécessité… Non, allons-y carrément. Voici ce que j’expliquerai à Ethelbertha : « J’ai remarqué, lui dirai-je, que jamais mortel n’estime à sa juste valeur un bonheur qui est constamment à sa portée. » J’ajouterai qu’afin de lui permettre d’apprécier mes qualités personnelles, je jugeais opportun de m’arracher à sa société et à celle des enfants pour trois semaines au moins. Je lui dirai, continuai-