Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
le chien d’or

Jason, Aliciat, Cujas,
Ce grand homme si capable !
La polygamie est un cas,
Est un cas pendable !

Si ce n’est pas assez pour vous faire pendre, Jean La Marche, continua-t-il, c’est que vous n’en valez pas la corde. C’est l’opinion de Molière, comme c’est la mienne aussi. Et maintenant, je vous condamne à faire venir du cidre et à payer votre écot.

XV.

L’opinion du vieux notaire triompha, il fut acclamé ; les applaudissements firent trembler la salle.

— N’importe ! dit Jean La Marche, vous allez entendre une belle chanson, ma meilleure ; c’est l’apologie du cidre. Jacques Cartier lui-même l’a apportée de Normandie. Remplissez vos gobelets et tenez-vous prêts à faire chorus.

Il fit vibrer son violon, puis levant le bras avec élégance comme un virtuose, pour faire glisser l’archet sur les cordes sonores, il se mit à chanter :

De nous, se rit le Français,
Mais pourtant, quoiqu’il en die,
Le cidre de Normandie
Vaut bien son vin quelquefois !
Coule, avale ! et loge ! loge !
Il fait grand bien à la gorge !

Ta douceur, ô cidre beau,
À te boire me convie,
Mais pour le moins, je t’en prie,
Ne me trouble pas le cerveau !
Coule, avale, et loge ! loge !
Il fait grand bien à la gorge !

Voisin, ne songe à procès,
Prends le bien qui se présente !
Mais que l’homme se contente,
Il en a toujours assez.
Coule, avale, et loge ! loge !
Il fait grand bien à la gorge !