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le chien d’or

alambics tiraient l’aqua tofana, et ses creusets la poudre de succession.

Dans le coin le mieux dissimulé de ce meuble, se trouvaient quelques petites fioles pleines d’un liquide cristallin, dont chaque goutte pouvait détruire une existence. La Corriveau prit ces fioles et les plaça soigneusement dans un coffret d’ébène pas plus grand qu’une main de femme. Il y avait déjà dans ce coffret plusieurs petits flacons de pilules, semblables à de la graine de moutarde. C’étaient des essences de poisons qui, mêlés à l’aqua tofana, donnaient au meurtre infâme toute l’apparence d’une mort naturelle.

Dans ce coffret d’ébène se trouvait aussi le sublimé d’une poussière noire, mortelle, qui servait à tempérer les rougeurs ardentes de la fièvre et à faire pourrir la racine de la langue. Là encore, la fétide poudre de stramonium, qui s’attache aux poumons et fait râler comme l’asthme ; la quinine qui glace et fait trembler comme les miasmes des marais Pontins ; l’essence de pavot dix fois sublimé qui tue comme l’apoplexie ; et enfin cette plante sardonique qui donne à la victime le rire douloureux de la folie.

La connaissance de toutes ces plantes, de toutes ces herbes maudites, avec le moyen de s’en servir et de pratiquer les enchantements, venaient d’abord de Médée de Colchide, qui s’enfuit avec Jason. La Grèce et Rome ensuite furent en possession de la fatale science. Puis une longue succession d’empoisonneurs et de sorciers la fit descendre, après des siècles, jusqu’à Exili, et à Béatrice Spara qui la léguèrent à la Corriveau.

III.

Mais la Providence ne cesse jamais de s’élever contre les projets des méchants. Elle sait tirer le bien du mal et désire la réhabilitation de l’homme. En face des actions coupables elle place les bonnes œuvres, en face du mensonge la vérité.

Les recherches des alchimistes et des empoison-