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le chien d’or

nouveau souverain !… Et vienne un temps où l’Angleterre, lâche et dégénérée, vous abandonne comme le fera bientôt la France, le dernier coup de canon qui sera tiré pour la défense de son drapeau, le sera par un canadien français !

XIII.

— Par tous les saints du paradis ! exclama de La Corne St. Luc, par tous les damnés de l’enfer ! s’écria de Vaudreuil, faisant flamme comme un volcan, cessez vos prédictions, Kalm, cessez ! Cassandre n’a jamais annoncé à Troie de pareilles choses ! C’est impossible ce que vous dites-là, absolument impossible !

— Impossible ou non, je le vois, et ce n’est pas éloigné, répondit Kalm fort tranquillement.

— Quelque chose qu’il arrive, jamais la loyale, la catholique Nouvelle-France ne s’unira aux puritains hérétiques de la Nouvelle-Angleterre !

S’il est vrai que nous aimions peu la vieille Angleterre, nous aimons encore moins la Nouvelle-Angleterre, continua de La Corne.

Nous ne prendrions certes ! jamais la part de cette dernière contre la première. Et puis, nous n’oublierons jamais la France ! jamais ! exclama-t-il.

— Mais la France vous abandonnera. Elle vous vendra pour un plat de lentilles.

— La France, la chevaleresque France ! elle tombera l’épée au poing, si jamais elle tombe !

— La France, aujourd’hui, n’est plus la France des chevaliers, mais la France des courtisans ! Elle est avide et troque son honneur pour de l’or !… Mais, pardon ! je ferme les yeux devant cette sombre vision. Chevalier, votre main ! Vous sauverez votre pays, s’il peut être sauvé.

XIV.

— Laissons reposer un peu cette malheureuse politique, proposa le gouverneur, et n’ajoutons pas aux tourments d’aujourd’hui les terreurs de demain.