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le chien d’or

Toute la ville courut voir la lugubre trouvaille. L’histoire de la petite fille d’Exili était pourtant bien oubliée déjà.

Un peu plus tard, le Museum public de Boston achetait la relique maudite et lui donnait une place d’honneur dans ses chambres curieuses.

Une jeune dame de Québec qui savait le drame sanglant et dont l’œil curieux ne laisse rien échapper, l’a vue et me l’a dit.

La maison de Saint Valier fut brûlée jusqu’en ses fondements, dans la nuit qui suivit l’exécution de la sorcière. Avec la maison de la Corriveau fut détruit le laboratoire d’Antonio Exili et le secret infernal de l’Aqua Tofana fut perdu. Espérons que nul chimiste, jamais, ne le retrouvera !

XX.

Et maintenant, notre tâche est terminée. Notre récit finit dans les pleurs ; comme presque tous les vrais récits de cette pauvre terre. La justice humaine, la justice divine n’y apparaissent guère. Hélas ! nous aurions aimé qu’il en fût autrement, car le cœur soupire après la félicité comme l’œil après la lumière ! Mais la vérité est plus puissante et plus neuve que la fiction. Et puis, l’heure de Dieu sonne quand il le faut. Sa justice est infaillible et la justice de l’homme est bien aveugle.

Au reste, moi qui écris cette histoire mélancolique, je ne me sens pas le courage de mépriser la tradition et d’oublier la vérité, pendant que le chien d’or est encore là sur une des façades de la rue Buade ; pendant que les ruines de Beaumanoir recouvrent encore les cendres muettes de Caroline de St. Castin ; pendant que sous l’œil de Dieu et les reflets de la lampe votive, Héloïse de Lotbinière et Amélie de Repentigny dorment paisiblement leur dernier sommeil !



FIN DU CHIEN D’OR.