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CHAPITRE LVI.

LES URSULINES.

I.

Héloïse et Amélie, cachées par leurs voiles épais, aux bras l’une de l’autre, sans voir personne, sans être reconnues, traversèrent les rues qui conduisaient aux Ursulines.

Elles se hâtaient d’entrer dans la solitude.

Des groupes de femmes se formaient aux portes des maisons, et la triste nouvelle du meurtre volait de bouche en bouche. Tout le monde parlait de cela, questionnait les passants, regardait si quelqu’un ne surviendrait pas encore avec quelques détails inédits.

Les hommes avaient couru au Chien d’Or. Ils étaient indignés et regardaient, en proférant des menaces contre les auteurs de l’attentat, cette honnête et hospitalière maison, tout à l’heure d’une apparence si gaie, maintenant remplie de deuil, avec des tentures noires dans les fenêtres, et un long crêpe noir à la porte.

II.

Quand Amélie et sa cousine passèrent sur la rue Desjardins, madame Bissot qui causait avec sa voisine madame Hamel, vit bien que c’étaient deux grandes dames, et elle en fit la remarque.

— Je ne serais pas surprise, dit-elle, qu’elles seraient des amies du bourgeois, ou peut-être, des désolées qui vont cacher leurs chagrins au couvent… Vous ne les connaissez pas, madame Hamel ?