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le chien d’or

Bouillant de rage, il sauta à terre. Il ne savait pas encore à qui il avait affaire, et se souciait peu de le savoir. Il ne voyait qu’un insolent qui avait osé l’arrêter et il voulait le châtier sur le champ.

IX.

De Péan arrivait sur la place avec Angélique ; il reconnut le bourgeois. Superbe, impassible, il semblait provoquer Le Gardeur.

— Voilà l’heure du triomphe pour notre compagnie, pensa-t-il. Et, se servant de sa main comme d’un porte-voix, il cria tout joyeux cette horreur qui domina le tapage de la foule :

— Le Gardeur, achevez-le !

Angélique, toujours les rênes à la main, était pâle comme un marbre, immobile comme une statue. Elle avait peur pour son bien-aimé que la foule menaçante entourait. Le bourgeois, elle s’en souciait bien ! Au reste, il avait tout le monde pour lui.

Mais la tempête allait laisser des ruines ! Il allait tomber, ce brave citoyen, dans la gloire de ses bonnes œuvres, comme un roi frappé de la foudre dans les splendeurs de son palais !

X.

Le Gardeur s’avança sur lui en le maudissant, et lui donna un coup de cravache.

Le vieux marchand sentit, à cette insulte, son sang bouillonner ; il leva vivement sa canne pour parer un second coup et frappa son agresseur au poignet. Le fouet tomba. Alors Le Gardeur voulut se précipiter sur le vieillard, mais les habitants le repoussèrent. Il eut une horrible tentation… La vie de plusieurs allait finir, la vie de bien des innocents !

Une main se posa tout à coup sur son épaule, et il entendit une voix de femme lui parler avec chaleur.

XI.

Angélique avait percé la foule. Elle n’était plus