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CHAPITRE XXXVII.

des flacons pleins jusqu’au bord de drogues vénéneuses.

I.

La Corriveau tira de son sein la petite boîte d’ébène et la déposa sur la table avec un geste solennel. Angélique, se signa, par distraction ou par effroi.

— Ne faites pas le signe de la croix ! exclama la sorcière d’un ton de colère ; nulle bénédiction ne peut descendre ici ! Avec ce qu’il y a dans cette petite boîte, je puis anéantir toute la population de la Nouvelle-France.

Angélique porta sur le coffret un regard avide, anxieux, comme si elle eut voulu pénétrer le mystère de destruction qu’il gardait, puis elle le toucha d’une main caressante, mais effrayée, brûlant de l’ouvrir et n’osant pas.

— Ouvrez-le, lui dit la Corriveau, pesez sur le ressort et vous allez voir apparaître un écrin digne d’une reine.

C’était le cadeau de noce de Béatrice Spara. Il a appartenu à la famille Borgia. Lucrèce Borgia le reçut d’un horrible parent, qui l’avait eu du prince des démons.

Angélique pressa le ressort, le couvercle se leva et une lueur éclatante s’échappa tout à coup. Angélique tout éblouie, tout effrayée, repoussa le coffret et fit quelques pas en arrière. Elle avait cru aspirer l’odeur d’un mortel parfum.