si vous le voulez, et avec la plus belle dot de la Colonie.
IX.
Cadet murmura entre ses dents, pour ne pas être entendu :
— L’imbécile qui la prendra…
Il acheva dans un sourire cynique :
— L’Intendant n’est pas trop sot, après tout, pensa-t-il.
De Péan ne se trouvait pas à l’aise, malgré tout.
— Mais il faudra, tout de même, le consentement d’Angélique ? demanda-t-il. J’aimerais mieux que ce fut elle qui me demandât.
— Bah ! de Péan, vous ne savez pas de quoi sont faites ces femmes-là ; autrement, vous auriez vite trouvé l’appât qu’il leur faut.
Vous avez réalisé quatre millions pendant la guerre ?
— Je n’ai pas compté ; mais je sais que je dois tout à votre amitié, Excellence !
— C’est bien ! c’est bien ! mon amitié vous donnera encore Angélique Des Meloises… puisqu’Angélique Des Meloises ne saurait devenir la femme de l’Intendant. Savez-vous ce que vous avez à faire maintenant ?
— Oui, je le sais, Excellence ! et je ne puis vous dire assez combien je suis touché de votre bonté.
Bigot sourit ironiquement.
— J’espère, dit-il, que vous n’aurez jamais à vous plaindre de mon amitié. À l’œuvre maintenant ! travaillons à notre délivrance !
Cadet et moi, nous avons résolu de châtier l’arrogance du chien d’or. Cependant, nous ne voulons pas donner du bâton au bourgeois comme à un commerçant ordinaire ; nous voulons le traiter en gentilhomme, au bout de l’épée. Malgré son titre de marchand, il est noble, voyez-vous ; et il porte l’épée. Il la porte bien, que diable ! eh, il peut s’en servir ! À vous de tout prévoir !