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le chien d’or

la tête et sa tête retomba comme un lis dont la tige s’est rompue… Il vit qu’elle était morte.

Il jeta une clameur comme fait un homme livré à la torture. Alors s’éveillèrent les habitants du château, et chacun, pour écouter, leva avec inquiétude la tête de dessus son oreiller. Nul autre cri ne retentit ; Bigot avait tout à coup repris possession de lui-même. Il ne fallait pas répandre l’alarme dans la maison et courir au-devant du danger qu’il cherchait à fuir.

Avec une volonté de fer, il dompta sa douleur et réprima les sanglots qui le suffoquaient.

XV.

Cependant Cadet avait entendu. Il devina une horreur et se précipita vers la chambre secrète. En entrant, il aperçut Bigot à genoux qui soutenait dans ses bras et couvrait de baisers et de pleurs la tête pâle d’une jeune femme.

Ce tableau saisissant toucha son âme dure. Il comprit que la jeune fille qu’il venait chercher était morte. Comment ? il l’ignorait.

Le cri de Bigot avait pu réveiller les gens, et le danger était grand maintenant, plus grand que jamais. C’est à cette heure critique qu’il fallait se montrer de bon conseil et dévoué.

Il s’approcha de l’Intendant, lui dénoua doucement les bras, et fit descendre avec précaution la tête de la morte sur le plancher.

— Bigot, murmura-t-il, soyez calme ! soyez calme ! De la prudence mon ami ! Ne donnez point l’alarme ! Quelle terrible affaire ! Allons dans une autre chambre ; délibérons froidement et voyons ce qu’il nous reste à faire.

— Ô Cadet ! Cadet ! gémit l’Intendant toujours à genoux, elle est morte ! elle est morte !… Morte au moment où je tenais le plus à la rendre heureuse !… Morte, elle que j’aimais tant !… Oh ! qui donc a pu commettre ce sanglant forfait ?

— Qui ? on ne le sait pas ; mais vous n’êtes pas