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le chien d’or

vait méconnaître ni mépriser. Et la pensée de ce danger le faisait trembler.

Il avait peur que son audacieux mensonge ne fût découvert.

Il avait effrontément menti au conseil du gouverneur, pendant qu’il siégeait comme conseiller du roi, au milieu d’une foule de gentilshommes, en affirmant qu’il ne savait pas où s’était réfugiée Caroline de St. Castin.

Si le mensonge était connu, il serait, lui l’Intendant de la Nouvelle-France, couvert d’ignominie, la marquise lui retirerait ses faveurs et le mépriserait sans doute. Il tomberait dans sa disgrâce.

Et plus il songeait à cela, plus il éprouvait de terreurs. Il maudissait tout ce qui, de près ou de loin, se rattachait à cette affaire d’enlèvement, tout excepté Caroline elle-même, car il l’aimait plus que jamais à cette heure.

II.

Il ne doutait nullement que le château serait soumis à la plus minutieuse investigation. Il connaissait de la Corne St. Luc. La chambre secrète ne serait plus un asile inviolable… Et puis, plusieurs personnes la connaissaient cette chambre. D’anciens serviteurs qui se trouvaient maintenant au service de ses ennemis peut être… Il ne savait pas, après tout.

Dans tous les cas, dame Tremblay était en possession du secret, et la charmante Joséphine qui survivait en elle pouvait encore se laisser tenter…

Il fallait donc, à tout prix, éloigner Caroline et la cacher mieux, jusqu’à ce que la tempête fût passée.

III.

Dès le jour qui suivit la séance du conseil, Bigot partit pour les Trois Rivières. Il prétextait une affaire de la plus haute importance. Cette affaire, nul ne put la deviner et chacun se perdit en conjectures.