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CHAPITRE XLVI.

parlons des épitaphes, des tombeaux et des vers.

I.

À l’heure où la Corriveau sortait de la forêt de Beaumanoir, après le meurtre de Caroline de St. Castin, deux cavaliers couraient à toute bride sur la route de Charlesbourg.

Leurs visages paraissaient noirs dans la nuit et la lune faible, blafarde, ne les éclairait pas assez pour qu’elle pût les reconnaître.

Ils ne parlaient point, et semblaient absorbés dans quelque pensée grave.

C’étaient Bigot et Cadet.

Vers minuit, après avoir échangé quelques paroles, ils avaient laissé les dés et le vin, s’étaient séparés de la joyeuse compagnie et puis étaient sortis de la cour du palais.

Ils se dirigeaient vers Beaumanoir.

Bigot, sous son apparente indifférence, éprouvait une vive inquiétude. Les ordres du roi, la lettre de la Pompadour l’avaient jeté dans une grande perplexité.

La prochaine arrivée du baron de St. Castin n’avait rien de rassurant. Le baron ne plaisantait point, et pour venger son honneur, il aurait aussi vite fait d’étouffer un prince qu’un manant.

Ce n’était pas ce qui effrayait Bigot. Il n’était pas un poltron et pouvait payer d’effronterie. Cependant il y avait une chose, un danger, qu’il ne pou-