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le chien d’or

leva et sortit suivi des deux femmes. Il salua l’officier ; madame Bédard et sa fille, l’une près de l’autre, lui firent leur plus profonde révérence.

Philibert rendit le salut avec courtoisie et, arrêtant son cheval tout près de madame Bédard :

— Je croyais bien connaître tous les chemins de Charlesbourg, Madame, fit-il, mais je m’aperçois que j’ai oublié la route qui conduit à Beaumanoir. Elle a peut-être été changée. Dans tous les cas, je ne m’y connais plus.

— Votre honneur a raison, répondit l’hôtesse, l’Intendant a fait percer une route nouvelle à travers la forêt.

Pendant ce petit dialogue, Zoé prit la liberté d’examiner, de la tête aux pieds, le cavalier nouveau. Son air, sa taille, son uniforme : tout lui parut saus défaut. C’était bien le plus bel officier qu’elle eut jamais vu.

— En effet, ce doit être cela, répondit Philibert, puis il ajouta : Je présume que vous êtes la propriétaire de l’hôtel de la Couronne de France ?

Cela se lisait sur la figure de dame Bédard, tout aussi clairement que sur l’enseigne qui se balançait au-dessus de sa tête.

— Pour vous servir, votre honneur ! je suis la veuve Bédard, et je crois tenir la meilleure hôtellerie de la colonie. Votre honneur veut-elle descendre et prendre un verre de vin, de celui que je garde pour les gens de qualité ?

— Merci, madame Bédard, je suis pressé. Il faut que j’aille à Beaumanoir. Ne pourriez-vous pas me donner un guide ? Je n’ai pas, voyez-vous, de temps à perdre à chercher mon chemin.

— Un guide, monsieur ! tous les hommes sont allés à la corvée du roi, en ville… Mais Zoé pourrait bien vous conduire, par exemple.

Zoé serra le bras de sa mère pour l’avertir de ne pas en dire trop. Elle éprouvait un certain plaisir, et un certain trouble aussi, à la pensée de servir de guide à ce beau voyageur, dans la forêt sauvage. Il