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le chien d’or

dis-je ? Ne l’as-tu pas toujours été ? Je t’ai disputé la couronne d’honneur, Angélique, mais tu porterais seule la couronne de la beauté.

Elle recula d’un pas, puis enveloppant son amie d’un regard d’admiration, elle ajouta :

— Et tu mériterais bien de la porter.

— J’aime bien t’entendre parler ainsi, Amélie, car c’est la couronne de la beauté que je préfère. Tu souris : mais si tu dis la vérité, je veux la dire aussi. Tu as toujours été sincère au couvent, je m’en, souviens : pas moi ! ; Mais trêve de flatteries.

Angélique était toute fière des louanges que lui décernait cette ancienne amie dont elle avait quelquefois envié la figure gracieuse et l’adorable expression.

— Souvent des jeunes gens me disent ces choses, Amélie, continua-t-elle, mais, bavardage que tout cela ! ils ne sont pas comme nous, bons juges des femmes. Mais, vrai : me trouves-tu réellement belle ? Comment ? Avec lesquelles de nos connaissances, pourrais-tu me comparer ?

— Je ne puis te comparer qu’avec toi-même ; tu es la plus belle personne que j’aie jamais vue, fit Amélie avec enthousiasme.

— Mais franchement, dis-moi, crois-tu que le monde me trouve belle comme je parais l’être à tes yeux ?

Angélique, disant cela, renvoya en arrière son opulente chevelure, et regarda fixement son amie, comme pour chercher dans son expression la confirmation de ses propres espérances.

— Quelle étrange question, tu me fais là, Angélique ! Pourquoi ?

— Parceque je commence à en douter, repartit avec amertume la jeune fille. Je suis fatiguée maintenant d’entendre vanter le charme de mes regards… mais j’ai cru, hélas ! à la flatterie menteuse, comme toutes les femmes croient du reste, un mensonge qu’on leur répète tous les jours.

Amélie parut embarrassée.