Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/484

Cette page a été validée par deux contributeurs.
472
le chien d’or

mais de s’attacher à son mari, et de vivre comme une honnête femme, afin de ne pas mourir de la mort désespérée de ses aïeuls.

Marie Josephte écouta patiemment sa mère, mais agit à sa guise. Le sang d’Antonio Exili et de la La Voisin qui coulait dans ses veines ne pouvait se calmer à la voix tardive de cette moribonde. Puis, elle voulait se venger de quelques ennemis. La société de son mari l’ennuyait, elle ne trouva plus assez d’émotions dans la pratique de la magie et de l’horoscope et elle se souvint qu’elle était née sorcière et empoisonneuse.

Telle était la femme qu’Angélique Des Meloises appelait à son secours, à l’heure de sombres perplexités où elle se trouvait.

IX.

Angélique n’était pas encore sans éprouver des craintes et des remords. Sa conscience se réveillait toujours, et c’est en vain qu’elle s’efforçait de l’étouffer.

Elle avait, la malheureuse fille, caressé le crime dans sa pensée, mais jamais encore elle ne l’avait touché de sa main vierge. Elle s’aveuglait sur l’énormité du forfait qu’elle préparait, et se faisait accroire qu’elle serait moins coupable s’il était accompli par une autre main que la sienne. Elle prenait Dieu à témoin qu’elle ne voulait pas persévérer dans le mal… Elle commettrait cette faute, mais rien que celle-là, jamais d’autres ! Sa rivale disparue, elle vivrait saintement et ferait pénitence. Elle n’aurait plus de tentations. Elle se purifierait par son mariage avec Bigot… Sa position de grande dame dans la colonie !… Son ascension au ciel de la cour de Versailles !…

Beaumanoir et ses souvenirs odieux disparaîtraient dans la distance et la nuit du temps.

Hélas ! c’est toujours ainsi que l’esprit malin s’efforce de nous abuser ! Une faute, c’est peu de chose, un pas à côté de la voie droite, ce n’est pas aller