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le chien d’or

sorcières de la race impériale, la manière de préparer ces subtils poisons.

L’empoisonnement était étudié comme un suprême moyen de la politique, dans les fastueux palais des Borgia, des Orsini, des Scaliger, des Borroméo. Et non seulement dans les palais, mais dans les faubourgs des villes ; dans les tours sombres, dans les solitudes des Apennins on pouvait trouver de ces enfants perdus de la science qui savaient composer des poisons subtils, terribles, mortels dont les traces étaient invisibles, et qui donnaient à la mort de la victime l’apparence d’une mort tout à fait naturelle.

II.

Pour échapper à la vengeance de Béatrice Spara, qu’il avait trompée, Exili quitta Naples et vint à Paris. Il trouva, dans cette grande ville, plus d’une occasion d’exercer son art infernal et de montrer avec quelle habileté il préparait les poisons.

Malgré toutes ses précautions, il fut enfin soupçonné, et la police eut les yeux sur lui. Il fut arrêté, puis envoyé à la Bastille. Là, le hasard lui donna pour compagnon de cellule, Gaudin de Ste Croix, un jeune noble, l’ami de la marquise de Brinvilliers. De Ste  Croix apprit de lui le secret de la poudre de succession.

Ils furent tous deux libérés faute de preuves. De Ste Croix organisa un laboratoire dans sa maison et se mit à l’œuvre. Il révéla son secret à la marquise de Brinvilliers qui se proposa d’en faire son profit. Elle voulait devenir la femme de ce jeune noble, car elle l’aimait à la folie. Alors elle ne vit rien de mieux à faire que d’empoisonner son mari. Après son mari, ce fut le tour de son père ; après son père, son frère. Et puis, prise de vertige, aveuglée, folle du besoin de tuer, elle versa de tout côté le fatal poison, sema partout la mort, et jeta l’épouvante dans tout le royaume.