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le chien d’or

saurais me rendre à St. Valier pour la voir ; je ne puis sortir sans attirer l’attention, comme le fait une simple fille d’habitant.

— Savez-vous bien, madame, répliqua Fanchon qui se rappelait probablement quelque incident personnel, savez-vous bien qu’une fille d’habitant n’est pas plus capable d’échapper à l’attention qu’une grande dame ?

Si elle va à l’église et regarde de côté seulement : Tiens ! elle est venue à l’église pour voir les garçons ! Si elle se tient éloignée des jeunes gens : Elle a peur ! Si elle rend visite à un voisin : Elle veut le rencontrer ! Si elle reste à la maison : Elle attend son voisin !… Mais les filles de la campagne se moquent bien de cela, madame ! Si c’est vrai qu’elles tendent leurs filets, elles prennent du poisson, parfois ! Ainsi, nous ne nous occupons nullement de ce que les autres disent, et nous en disons plus que tout le monde.

Mais, madame, continua la babillarde servante, je comprends qu’il ne convient guère que vous alliez voir ma tante Josephte. Je l’amènerai ici. Elle sera enchantée de venir à la ville et d’être utile à une aussi grande dame.

— Oh ! non, Fanchon ; non ! Ce n’est pas bien, cela ; c’est mal !… Pourtant, il faut que je retrouve mes joyaux… C’est bon ! allez la chercher ; ramenez-la avec vous. Mais, attention ; Fanchon ! Si vous dites un mot de cela à qui ou à quoi que ce soit : aux hommes, aux animaux ou aux arbres que vous verrez sur votre chemin, je vous coupe la langue.

VI.

Fanchon eut peur du regard terrible de sa maîtresse.

— J’y vais, madame, dit-elle d’une voix tremblante, et ne parlerai pas plus qu’un poisson. Vais-je partir immédiatement ?

— Tout de suite si vous le voulez. Il est bientôt jour et il vous faut aller loin. Je vais dire au vieux