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LE CHIEN D’OR

VII.

Quand ils se taisaient, la musique du bal et le bruit cadencé de la danse arrivaient à eux en vagues mélodieuses.

Ils se levèrent et regagnèrent le palais. Lorsqu’ils parurent dans la salle, l’orchestre suspendit ses accords, mais pour une minute seulement. Il recommença pour eux la plus vive et la plus délirante des symphonies.

Ils s’élancèrent dans le tourbillon de la danse. Angélique oubliait son ressentiment ; le plaisir la domptait. Le passé n’existait plus, l’avenir n’était rien, le présent seul avait du prix ; un prix énorme !

Les yeux la suivaient, les esprits lui portaient envie, les cœurs devenaient jaloux pendant qu’elle volait au bras de son noble cavalier. Elle sentait peser sur elle tous les regards envieux des femmes, toutes les pensées voluptueuses des hommes et cela l’enivrait comme un vin généreux.

Obéissant aux entraînements de la musique, elle glissait sur le parquet luisant comme une sylphide dans l’air. Sa robe longue se déployait comme des ailes, et une tresse de sa chevelure blonde, échappée au nœud de diamant, voltigeait gaiement sur ses épaules. Bigot la regardait avec ravissement.

Il se disait alors, dans sa folle passion, qu’une femme aussi belle valait bien tout un monde. Et il fut plus d’une fois sur le point de mettre à ses pieds toutes ses richesses et toutes ses espérances.

Quand ils eurent fini de danser, il la conduisit à son siège qui fut aussitôt entouré d’admirateurs, et il passa dans une autre pièce pour se reposer un peu.