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le chien d’or

supérieure n’aime pas que l’on touche à sa famille. Je ne suis pas son neveu, moi, voilà la différence, comme dit la chanson.

— Vous êtes le maître et le protecteur de son neveu, et pour l’amour de ce neveu, elle obligera l’Intendant de la Nouvelle-France, ou bien… Je la connais !

— Que voulez-vous que je fasse alors, demanda Bigot ?

— Je veux, — puisqu’il ne vous plaît pas d’émaner des lettres de cachet, — je veux que vous placiez la dame de Beaumanoir entre les mains de la mère Nativité, avec la condition qu’elle soit admise à faire ses vœux dans le plus court délai possible.

— Très bien ! Angélique. Mais si je ne connais pas la mère supérieure, vous ne connaissez pas la dame de Beaumanoir, vous. Pour des raisons que je sais, moi, les religieuses ne voudraient pas, ne pourraient pas la recevoir dans leur maison.

Maintenant, je vous promets que je vais lui trouver une retraite convenable, ici, quelque part ; mais, de grâce ! ne me parlez plus d’elle !

— Je ne vous promets rien ! La loger en ville c’est pis que la garder à Beaumanoir, répliqua Angélique qui s’irritait de voir échouer son astucieux projet.

— Avez-vous peur de cette pauvre fille, Angélique, questionna Bigot, vous qui surpassez en beauté, en grâces et en esprit tout ce qui vous entoure ? Elle ne peut vous faire de mal.

— Elle m’a fait du mal, déjà !… car vous l’aimez, Bigot ! Les hommes ne se moquent point de moi impunément. Vous l’aimez trop pour la renvoyer, et cependant vous me parlez d’amour ! que dois-je penser ?

— Pensez que les femmes sont capables de nous rendre fous.

Bigot voyait l’inutilité de la discussion. Il aurait voulu en finir ; mais elle n’était pas décidée à le lâcher.

— C’est ce que vous dites, et c’est ce qui arrive