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le chien d’or

— Vous pleurez, Amélie ? vous pleurez ?

— C’est de bonheur… pardonnez-moi,… je vous laisse voir trop vite, peut-être, comme vous m’êtes cher.

— Vous pardonner ? vous pardonner ces paroles divines qui viennent de tomber de vos lèvres ? cet aveu charmant que le doigt de Dieu vient d’écrire pour l’éternité dans mon âme ! Ah ! mon Amélie, c’est une vie d’affection et de dévouement que je vous dois ! mon dernier jour sera, comme le jour où je vous aperçus pour la première fois, comme tous les jours qui se sont écoulés depuis cet heureux moment, tout rempli de votre pensée !

— Je ne comprenais pas la vie sans vous, non plus, et votre souvenir ne me quittait jamais… Désormais nous n’aurons qu’une existence à deux.

IV.

Philibert eut un frémissement de joie :

— Vous m’aimiez, Amélie ? s’écria-t-il.

— Depuis le premier moment où je vous ai vu, mais surtout depuis le jour où vous avez sauvé la vie à Le Gardeur.

— Et durant ces longues années de couvent, alors que nous paraissions à jamais perdus l’un pour l’autre ?

— Je priais pour vous, Pierre ! je priais pour que vous fussiez heureux : je n’espérais rien, je n’espérais pas surtout de voir jamais une heure de bénédiction comme l’heure qui vient de sonner !… Oh ! vous me trouvez bien hardie, n’est-ce pas, Pierre ?… Je ne sais point déguiser, moi ! Et puis, vous m’avez donné le droit de vous aimer sans honte et sans crainte.

— Amélie ! Amélie ! que puis-je donc faire pour mériter ou récompenser un pareil bonheur ?

— M’aimer, Pierre, m’aimer toujours !… je ne veux pas autre chose.

— Et vous me donnez votre main ?

— Et mon cœur à jamais !…