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LE CHIEN D’OR

vint et la causerie recommença toute pétillante de gaieté.

Ils parlèrent des projets de la veille, des amis qu’ils allaient recevoir, de ceux qu’ils iraient voir. Ils se promèneraient en canot, dîneraient sous les arbres, feraient du chant, de la musique, de la danse.

Le Gardeur était le plus éveillé des trois maintenant et il s’amusait à critiquer le programme d’Amélie ; affaire de rire. Tantôt il paraissait sérieux, tantôt il plaisantait évidemment.

— Vous avez beau faire, dit-il à la fin ? des amusements de manoir ne valent pas les plaisirs du Palais de l’Intendant.

Cette parole fit venir une larme dans les yeux de sa sœur. Il s’en aperçut :

— Pardonne-moi, chère Amélie, fit-il, tout ému, pardonne-moi, je ne voulais pas te blesser… je serais content de voir ce palais réduit en cendre, et moi avec !

— Oh, ! tu ne m’as nullement blessée, Le Gardeur ! je sais bien que tu plaisantes… Ma sensibilité est tellement grande, vois-tu !… et j’éprouve pour ce palais une si invincible horreur que je ne puis en entendre parler sans me sentir mal à l’aise.

— Pardonne-moi ! je ne t’en parlerai jamais plus de ce palais, excepté pour le maudire, comme j’ai fait mille fois depuis que je suis revenu à Tilly.

— Merci, petit frère, fit-elle en l’embrassant.

V.

Le bugle fit retentir ses notes aiguës. Il sonnait le déjeuner. C’était le privilège d’un vieux serviteur de la famille, qui avait été trompette dans les troupes du seigneur de Tilly, de réunir ainsi, au son de son instrument, les habitants du manoir, pour le repas du matin.

Il avait bien sollicité la permission de sonner aussi le lever, dès le point du jour, mais madame de