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LE CHIEN D’OR

déjà quelques familles. C’était à l’époque où les traiteurs apportaient les fourrures.

Les Iroquois vinrent s’embusquer au pied du portage pour tuer et piller les voyageurs attendus. Un jeune sauvage découvrit leur retraite et donna l’alarme. Il n’y avait qu’un moyen d’échapper, sauter les rapides secrètement, le danger était extrême… Il fallait que quelqu’un restât cependant pour donner le change à l’ennemi.

Cadieux fut ce brave. Il alla, avec un jeune indien, attaquer les Iroquois, pour les attirer en arrière du rivage et les empêcher de voir les canots fugitifs. Son stratagème réussit. Tout le monde fut sauvé, mais il périt avec son jeune compagnon…

Les Iroquois ne purent pas le saisir, cependant. Il leur échappa, mais il revint tomber, épuisé de fatigue et de faim, à l’endroit même d’où il était parti quelques jours auparavant.

N’ayant plus d’espoir, sentant venir ses derniers instants, il arracha une feuille d’écorce blanche au bouleau qui le protégeait, et avec son propre sang, il écrivit sa chanson de mort.

Elle fut trouvée peu de temps après, à côté de lui.

Le voyageur qui remonte l’Outaouais jusqu’à l’Île du Grand Calumet, n’oublie pas de s’arrêter au Petit rocher de la haute montagne, au milieu du portage des sept chutes. C’est là que se trouve la tombe de Cadieux.

XIV.

Amélie avait été touchée de la plaintive romance. En la chantant elle faisait couler des larmes.

À la demande des hôtes de sa bonne tante, au milieu d’un calme presque douloureux elle commença :

Petit rocher de la haute montagne,
Je viens ici finir cette campagne !
Ah ! doux échos, entendez mes soupirs !
En languissant je vais bientôt mourir !