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CHAPITRE XXIV.

GAGES D’AMOUR, MAIS GAGES VAINS ET INUTILES !

I.

Elle s’assit. La pensée de Le Gardeur s’emparait de ses esprits. C’était comme un baume odorant sur les blessures mortelles de son imagination. Elle se sentait heureuse d’être aimée de lui.

— Son amour est un trésor, se disait-elle, et il me l’a donné tout entier !

— Il y a des femmes, pensait-elle encore, qui mesurent leur valeur d’après l’estime qu’elles inspirent, moi je n’estime les autres que d’après le bien que j’en attends… J’aime Le Gardeur et je ne veux pas perdre ce que j’aime…

Elle ne regardait guère aux inconséquences et aux contradictions. Elle s’accommodait de tout, pourvu que tout servit son égoïsme.

Des pas légers retentirent sur l’escalier et quelques petits coups empressés furent frappés aussitôt.

Le Gardeur parut. Ses habits étaient quelque peu en désordre et son teint fort animé.

Angélique, en l’apercevant, poussa un petit cri de joie et courut à lui. Elle s’était déjà transformée, et il eut été impossible de reconnaître en elle la sombre rêveuse de tout à l’heure.

Elle le conduisit au sofa et s’assit près de lui. Avec Le Gardeur, elle écoutait son cœur ; avec les autres, elle n’écoutait que sa vanité ou son ambition.