l’autre. Efforcez-vous d’être heureuse. Que vos yeux, les plus beaux de la terre, ne perdent pas leur éclat sous des larmes inutiles ! Des jours meilleurs, des jours plus beaux viendront, j’en suis certain. Priez toujours ! ma Caroline ! priez ! La prière vous fera du bien et me rendra peut-être plus digne de vous ! Adieu ! »
Angélique dévora cette lettre plutôt qu’elle ne la lut, la déchira avec rage, en jeta les morceaux, comme des flocons de neige, sur le tapis et se mit à les piétiner comme pour les anéantir.
Fanchon avait déjà vu des colères de femme, et cela ne l’avait pas surprise, mais maintenant elle était simplement épouvantée.
— Avez-vous lu cette lettre, Fanchon ? lui demanda mademoiselle Des Meloises d’une voix courroucée.
La servante crut voir une main s’étendre pour la frapper, si elle répondait affirmativement.
— Non, madame ! je ne sais pas lire, répondit-elle en tremblant.
— Avez-vous permis à d’autres personnes de la lire ?
— Non, madame ! je n’osais pas la montrer ; vous savez, je n’aurais pas dû m’en emparer…
— Est-ce qu’on ne l’a pas cherchée cette lettre ?
— Oui, madame ! Dame Tremblay a bouleversé tout le château pour la retrouver. Je n’ai pas osé lui dire que je l’avais.
— Je crois bien que vous dites la vérité, Fanchon.
XI.
Angélique se calmait un peu. Cependant, elle était encore agitée comme la mer après une tempête.
— Écoutez bien ce que je vais vous dire, Fanchon ! reprit-elle, en lui mettant la main sur l’épaule et en la regardant de façon à lui figer la moëlle dans les os. Vous avez surpris deux secrets, l’un est à la