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LE CHIEN D’OR

populaire auprès des dames de Québec en leur apportant les dernières étoffes et les dernières modes de Paris. Il pouvait voir maintenant, aux riches et nouveaux costumes que portaient ces dames, comme il avait eu raison de forcer le blocus !

IV.

Le bourgeois Philibert se tenait debout à la porte principale, pour recevoir ses invités et les introduire dans sa riche demeure. Il était magnifiquement vêtu, mais, sans ostentation. Sa chevelure épaisse et grisonnante était attachée en arrière, avec un large ruban. Il ne portait jamais la perruque. Il souriait à chacun de ses convives, et ces sourires, sur des lèvres toujours sérieuses, avaient un charme nouveau.

Comme tous les caractères fermes et solides, il inspirait la confiance et croyait aux autres. Ses amis l’aimaient et le secondaient de toutes leurs forces et ses ennemis le haïssaient et le redoutaient. Tous connaissaient sa valeur.

Ce ne sont ni l’intelligence, ni l’activité, ni les richesses qui ont le plus d’empire sur les hommes, mais la force de caractère, le contrôle de soi-même, la patience et la volonté.

Le parti des honnêtes gens, ainsi que l’appelaient, par dérision, ses adversaires, regardait le bourgeois comme son chef et son protecteur. C’était le général qui menait le peuple en guerre contre la Friponne.

V.

L’inimitié qui existait entre le bourgeois et l’Intendant avait pris racine en France. Plus tard, Philibert s’était vu cruellement atteint par certains décrets de l’Intendant, qui le visait évidemment. Ces décrets enjoignaient aux sauvages de ne faire la traite qu’avec la grande compagnie.

— C’est une bonne saignée, avait dit Bigot, à ses amis, en se frottant les mains d’aise.