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LE CHIEN D’OR

— Je vous demande pardon, mademoiselle ! je ne propose rien de la part de Le Gardeur. J’ai sanctionné sa promotion. Votre frère et la grande compagnie en général désirent cette union ; moi, je ne la désire pas !

Il dit ce dernier mot de façon à bien lui faire comprendre qu’il préférait ne la voir se marier avec personne.

— Je regrette de vous avoir parlé de ce projet, fit-il avec douceur, puisque cela vous contrarie.

— Oui ! cela me contrarie ! reprit-elle, en lui laissant le bras. Le Gardeur de Repentigny peut bien parler pour lui-même. Je ne permettrais pas à mon frère de me faire une pareille proposition, à plus forte raison, je ne saurais la discuter avec le chevalier Bigot.

— J’espère que vous me pardonnerez, mademoiselle. Je ne vous appellerai plus Angélique, jusqu’à ce que vous m’ayez rendu votre amitié. Assurément je ne vous aurais pas oubliée, lors même que vous vous seriez rendue aux vœux de votre frère. Je craignais, et je voulais vous mettre à l’épreuve.

— Prenez garde, chevalier ! l’épreuve pourrait être dangereuse ! riposta-t-elle avec chaleur. Ne recommencez pas, ou je prendrai Le Gardeur par dépit !

C’étaitpar amour ! qu’elle pensait ; l’autre mot ne partait que des lèvres.

Elle reprit :

— Je ferai tout pour le tirer des mains des honnêtes gens, tout excepté l’épouser… quant à présent, du moins.

XIII.

Ils parurent se comprendre parfaitement.

— C’est entendu ! fit Bigot. Maintenant je vous le jure encore, je n’ai pas eu l’intention de vous blesser. Vous frappez fort !

— Bah ! riposta-t-elle en souriant, les blessures