égarées et les apportent avec tendresse au château !
VII.
Bigot comprit. Il lui lança un regard foudroyant. Elle resta calme :
— Grand Dieu ! quel regard ! fit-elle d’un ton railleur. On dirait que je vous accuse de meurtre, quand, vous avez sauvé la vie à une belle dame !
Je crois, néanmoins, que certains gentilshommes trouvent dans le code de la galanterie que tuer une femme n’est pas un grand mal.
L’Intendant se leva tout à coup. Il perdait patience. Il reprit son siège aussitôt.
— Après tout, pensait-il, que peut-elle savoir au sujet de mademoiselle de St Castin ?
Il lui répondit avec une apparente franchise, jugeant que c’était la meilleure politique :
— Oui mademoiselle. Un jour, j’ai trouvé dans la forêt une pauvre femme accablée de souffrances et je l’ai conduite au château où elle est encore. Maintes autres femmes sont venues à Beaumanoir. Que d’autres viendront encore et s’en iront, avant que j’en choisisse une pour y demeurer toujours comme la maîtresse de mon cœur et de ma maison, ainsi que dit la chanson.
— C’est bien votre faute si vous n’en trouvez pas pour cette haute position. Il y en a dans notre jolie ville…
Mais il paraît que cette beauté perdue et retrouvée est une étrangère ?
— Une étrangère pour moi ; peut-être pas pour vous.
Angélique comprit l’hypocrisie de cette parole. Elle eut comme un frisson de dépit, elle qui trompait si facilement les autres, et riposta hardiment.
— Il y a des gens qui prétendent que’lle est votre femme, chevalier… ou qu’elle le sera bientôt… probablement lorsque vous serez fatigué des demoiselles de la ville !