répondit de Péan. Comme bien des jolies femmes, elle aime à rester au lit un peu tard, et elle donne des petits levés comme une duchesse. Elle ne doit pas être debout encore.
Je ne sais pas ! mais c’est le plus vagabond cotillon de toute la ville. Je la retrouve partout où je passe.
— C’est qu’elle aime à rencontrer votre Excellence !
Bigot fixa de Péan. Une idée nouvelle venait de jaillir.
— Vrai ! pensez-vous que c’est à dessein qu’elle agit ainsi ?
— Je pense qu’elle aimerait à faire le même chemin que Votre Excellence.
De Péan se mêlait dans ses papiers. L’Intendant s’aperçut qu’il était un peu agité.
— Vous pensez cela, de Péan ? lui dit-il.
Il se porta la main au menton et réfléchit une minute. Puis il demanda ?
— Vous croyez qu’elle est à la maison ?
— Il était tard quand de Repentigny l’a laissée, hier soir. Elle a du faire de bien agréables rêves ensuite.
— Comment savez-vous cela ? Par St. Nicol ! de Péan, vous la surveillez de près !
— C’est vrai, Excellence : j’ai mes raisons.
Il ne dit pas quelles étaient ces raisons ; Bigot ne le questionna point : il ne se mêlait pas des affaires personnelles de ses amis. Il avait trop de choses à cacher pour ne pas respecter les secrets de ses compagnons.
— Bien ! de Péan, je vais aller rendre visite à Mademoiselle des Meloises ; je suis vos conseils ; j’espère qu’elle se montrera raisonnable.
— Je le voudrais aussi, mais je ne l’espère pas. S’il est au monde une femme possédée du démon de la contradiction, c’est Angélique Des Meloises.
De Péan dit cela d’un air farouche ; on aurait pensé qu’il était instruit par l’expérience.
— Eh bien ! répliqua Bigot, je vais essayer de faire