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LE CHIEN D’OR

Par ma foi ! j’aurais voulu lui passer mon épée au travers du corps à ce colonel ! et pas un de vous n’a eu le courage de le faire !

— Mais votre Excellence s’est montrée d’une telle politesse envers lui, que nous ne pouvions pas deviner cela, répliqua de Péan d’un ton à faire croire qu’il n’aurait pas été le dernier à tirer l’épée.

— Ventrebleu ! je le sais bien ! j’étais furieux de voir ce petit chien d’or se moquer de moi avec tant de courtoisie !

Philibert exerce une immense influence sur Le Gardeur. Il paraît qu’il l’a sauvé des eaux, comme un nouveau Moïse…

Il paraît aussi qu’il recherche sa sœur, une charmante fille, de Péan, riche en argent, en terres et en relations influentes. Il faudrait la mettre dans les intérêts de la grande compagnie. L’un de vous devrait l’épouser…

Mais non, vous n’oserez pas, par Dieu ! lui en faire la proposition !

— C’est inutile, je la connais, la superbe enfant ! c’est un de ces anges qui croient que le mariage est une chose dont le ciel s’occupe, qu’il n’y a qu’un homme pour une femme, et que c’est celui-là, nul autre qui doit être le mari.

Les jeunes filles qui ont été au couvent avec elle disent — Elles savent tout et plus encore, les jeunes filles du couvent ! — disent qu’elle a toujours aimé en secret le colonel Philibert et qu’elle l’épousera un jour.

— Par Satan ! sera-t-il dit qu’une pareille créature épousera ce maudit Philibert !

IV.

Bigot s’emportait.

— Moi, je crois, continua-t-il, que les femmes sont toujours prêtes à s’embarquer sur les vaisseaux chargés d’or, d’argent, d’ivoire, de singes et de paons.

La grande compagnie fera mieux de ne pas se vanter de sa puissance, si pas un de ses membres ne