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LE CHIEN D’OR

cieux et infidèle dans ses amours. Il avait changé maintes fois de maîtresses et de politique. Il pouvait changer encore pour le malheur de Bigot et de tous les protégés de la Pompadour.

Les lettres que Bigot venait de recevoir par le Fleur de Lys étaient assez alarmantes. On chuchotait à la cour que la maîtresse du roi allait avoir une rivale. La belle Lange Vaubernier avait attiré l’attention de Louis, et les courtisans expérimentés devinaient en elle la future favorite.

Cette petite rieuse de Vaubernier était loin de prévoir, alors, qu’après la mort de la Pompadour, elle deviendrait, comme aussi la Du Barry, la dame du palais. Elle était bien plus loin encore de deviner ce qui l’attendait dans sa vieillesse, sous le règne suivant. Non ! elle ne prévoyait pas qu’elle serait traînée à la guillotine ; qu’elle remplirait les rues de Paris de ses gémissements ! qu’au-dessus des hurlements de la tourbe révolutionnaire on l’entendrait s’écrier : Laissez-moi la vie ! la vie ! et je me repentirai ! la vie ! et je me dévouerai à la république ! la vie ! et je donnerai toutes mes richesses à la nation !

Supplications inutiles d’une âme passionnée ! La mort ! c’est la mort qui devait lui répondre !

Ces jours de ténèbres étaient encore dans le sein de Dieu.

La jeune étourdie de Vaubernier cherchait alors à prendre le cœur du roi, et cela causait une grande inquiétude à l’Intendant. La disgrâce de la Pompadour, c’était le signal de sa ruine et de la ruine de ses associés. C’était à cause des intrigues de cette fille, que la puissante courtisane avait tout à coup incliné vers la paix. Elle voulait garder le roi près d’elle.

Ainsi, le mot paix et le nom de Vaubernier paraissaient également odieux à Bigot, et il ne savait réellement pas comment agir.

Mauvais citoyen, homme d’État corrompu, il était Français toujours, et toujours il se montrait fier des