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le chien d’or

Peter Kalm, gentilhomme suédois, et l’enthousiasme faisait briller l’azur de ses yeux, resplendir sa figure.

Il s’adressait à Son Excellence le comte de la Galissonnière, gouverneur de la Nouvelle-France qui se trouvait auprès de lui, sur un bastion des remparts de Québec, en l’an de grâce 1748.

Des officiers français et des Canadiens, portant l’uniforme militaire de Louis XV, groupés dans la grande allée pierreuse qui longe les murs, et appuyés sur leurs épées, causaient gaiement ensemble. Ils formaient l’escorte du gouverneur.

Les citoyens de Québec et les habitants des environs, mandés expressément, étaient accourus travailler à la défense de la ville, et La Galissonnière examinait les ouvrages qu’ils avaient faits pendant la nuit.

Quelques dignitaires de l’Église, vêtus de la soutane noire, se mêlaient volontiers à la conversation des officiers. Ils accompagnaient le gouverneur, tant pour lui témoigner du respect que pour encourager, par leur présence et leurs paroles, le zèle des travailleurs.

II.

La guerre se faisait sans merci alors entre la vieille Angleterre et la vieille France, et la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre, et, depuis trois ans, les deux nations rivales épouvantaient, par de cruelles hostilités, cette vaste région de l’Amérique du nord, qui s’étend, dans l’intérieur et au sud-ouest, depuis le Canada jusqu’à la Louisiane[1].

Parmi les Indiens, les uns suivaient les étendards de la France, les autres, les drapeaux de l’Angleterre, et tous trempaient avec bonheur leurs mocassins dans le sang des blancs, et les blancs, à leur tour, devenaient aussi cruels et faisaient une guerre aussi impitoyable que les sauvages eux-mêmes.

  1. Le Canada comprend aujourd’hui, à part l’Alaska, tout le continent américain, de l’Atlantique au Pacifique, au nord de la ligne 45e de latitude.