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le chien d’or

rait une corniche avec architrave à frise sculptée, supportée par des pilastres de chêne poli. Les panneaux de la boiserie étaient encadrés entre de jolies arabesques, et portaient des peintures d’un intérêt tout historique : les portraits des rois, des gouverneurs, des Intendants et des ministres qui avaient été mêlés à la colonisation de la Nouvelle-France.

Au-dessus du fauteuil du gouverneur, les armes royales brillaient sur un riche écusson, et comme drapées dans un faisceau de pavillons blancs semés de lis d’or, emblème de la souveraineté de la France.

Le portrait du dernier roi et celui du roi régnant, étaient suspendus de chaque côté du trône. Parmi les autres portraits qui ornaient les murs, on remarquait celui de Richelieu, qui le premier donna un gouvernement politique aux établissements du Saint-Laurent, un reflet du régime féodal de la France ; celui de Colbert qui utilisa leurs richesses et leurs ressources, en leur envoyant la fleur de la population de la mère patrie, des nobles et des paysans de la Normandie, de la Bretagne et de l’Aquitaine. Là aussi, l’on pouvait voir les franches et hardies figures de Cartier, le premier découvreur, et de Champlain le premier explorateur de la terre nouvelle, et le fondateur de Québec. Là aussi, le vaillant et actif Louis Buade de Frontenac, à côté de la belle comtesse, sa femme, surnommée la divine à cause de son extrême amabilité. Et Vaudreuil qui passa une longue vie au service de son pays ! Et Beauharnois qui résista non seulement aux cinq nations coalisées, mais à la ligue bien plus redoutable encore de la Nouvelle-Angleterre ! Et Laval, avec ses traits pleins d’intelligence et de finesse, Laval qui organisa l’Église et l’instruction dans la colonie dont il fut le premier évêque. Et Talon, le plus sage des Intendants, qui s’efforça de développer l’agriculture et le commerce, et d’assurer le bien être à tous les nouveaux sujets du roi.

Mais il était là un portrait plus frappant encore que tous ceux-ci, un portrait digne d’être mis à côté