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le chien d’or

— Je ne pense pas, Excellence, mais il a dû attendre que Varin, Cadet, Deschenaux et les autres fussent en état de se mettre en route.

— Ô Philibert ! quelle honte ! quelle honte ! murmura le gouverneur. Des voleurs comme ces gens-là, ont le droit de venir siéger avec des hommes d’honneur !… Ils ont le pouvoir ici, et nous, nous n’avons qu’un vain titre et une mortelle responsabilité… Restez à dîner avec moi, Philibert, après le conseil ; j’ai bien des choses à vous confier.

— Pas ce soir, Excellence. Mon père a tué le veau gras pour fêter le retour de l’enfant prodigue, et… il faut bien que je dîne avec lui.

— Fort bien ! demain alors. Venez mercredi. Votre père est un gentilhomme qui garde dans le commerce les principes de la véritable noblesse. Vous êtes heureux dans votre père, comme votre père l’est dans son fils.

Le gouverneur, après ces paroles, salua Philibert et alla retrouver les autres officiers.

III.

Un éclair jaillit, puis une colonne de blanche fumée monta tout à coup de la grande batterie, à côté du château. C’était le deuxième signal de la réunion du conseil.

Le comte de la Galissonnière prit le bras de La Corne St. Luc, et suivi des officiers, se dirigea vers la grande salle d’audience. Il alla s’asseoir dans le fauteuil vice-royal, sous un dais, au bout d’une longue table recouverte d’un tapis cramoisi. Les secrétaires se mirent près de lui. Les membres du conseil prirent de chaque côté de la table, la place qui leur était assignée, suivant leur rang et leurs privilèges.

Une longue suite de sièges restèrent inoccupés ; c’étaient ceux de l’Intendant et de ses compagnons.

La grande salle du château St. Louis était vraiment digne d’un palais par sa grandeur et ses ornements. Au dessous des hauts plafonds cintrés, cou-