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le chien d’or

quet remportaient sur ceux de la chambre secrète. Il répliqua avec politesse cependant :

— Je l’ai dispensée de paraître, Cadet. Elle est indisposée… ou elle n’aime pas à se montrer… ou elle a d’autres raisons, et quand une femme donne une raison un gentilhomme n’insiste pas.

— Dieu du ciel ! murmura Cadet, le vent souffle d’un point nouveau : il fraîchit et vient de l’est ; gare à l’orage !

Et avec toute la gravité que peut avoir un homme ivre, il commença à chanter ce refrain de chasse de Louis XIV,

Sitôt qu’il voit sa chienne,
Il quitte tout pour elle.

Bigot partit d’un grand éclat de rire.

— Cadet, dit-il, quand tu es saoul, tu es le plus grand bandit de la chrétienté, et tu en es le plus fin coquin lorsque tu es à jeun.

Laissons reposer la belle et buvons en son honneur : Valets, apportez de l’eau-de-vie ! Nous nous demanderons s’il est jour quand minuit sonnera à la vieille horloge du château.

VII.

Les coups de Philibert retentirent de plus en plus fort et furent entendus jusque dans la salle ! Bigot ordonna aux valets d’aller voir qui se permettait de troubler ainsi la fête.

— Ne laissez entrer personne ! Il est défendu d’ouvrir quand la grande compagnie est assemblée pour traiter d’affaires. Prenez des fouets, valets, et chassez l’insolent !… quelque misérable habitant, je parie, qui s’en vient pleurnicher parce que les pourvoyeurs du roi lui auront pris des œufs et du lard !

Un serviteur revint, portant une carte sur un plateau d’argent.

— Un officier en uniforme attend votre Excellence,